// Caracolito » Pays » niue

Pierre la bière

Les enfants sont terribles.

Depuis notre départ, je ne peux plus boire une petite mousse sans entendre les commentaires d’Alice. A l’entendre on pourrait presque croire que je suis alcoolique alors que je poursuis simplement une étude scientifique entamée il y a plus de onze ans sur les us et coutumes houblonnées dans le monde. Etude que j’avais du mettre en suspens pendant notre escale Tahitienne car, bien que monument national tahitien, la principale qualité de la Hinano réside essentiellement dans son packaging et la ligne de vêtements qui y est associée. Il y a bien eu quelques louables intentions d’originalité gustative de la part de la brasserie de Tahiti (Bière au Uru (fruit de l’arbre à Pain), Hinano gold, Hinano ambrée…) mais qui n’ont pas su me séduire. Au point que, pendant les premières années de notre séjour tahitien, je buvais essentiellement de la Corona avant que son prix ne double inexplicablement du jour au lendemain ce qui m’a précipité dans les tentacules impérialistes de Budweiser (bud ice et bud light)…

 

Dès que le décapsuleur entre en action, émettant un charmant tintement suivit de ce petit lâché de pression qui a pour effet de faire apparaître quelques délicates bulles sur le goulot, j’entends une petite voix flûtée provenant des entrailles du bateau: « Papa, il ne pense qu’à la bière! »

Elle a l’oreille fine!

 

A bord, nous avons presque tous un surnom: Elanore le trésor, Lucile la luciole, Alice la malice… pour faire honneur à son surnom, Alice m’a surnommé : « Pierre la bière! »

 

Depuis notre départ de Tahiti, j’ai repris mon étude et me fais un point d’honneur d’aborder chaque pays visité à travers ses productions de bières locales, ce qui a pour effet de m’entendre répéter à chaque fois: « Papa, il ne pense qu’à la bière! »

Je vous épargnerais ici l’ensemble des détails de cette étude qui fait à ce jour plus de 250 pages illustrés de nombreux graphiques, photos et autres camemberts, mais je vous donnerais néanmoins quelques ressentis globaux.

Iles cook :

Il y a bien une bière locale (Matutu) aux iles Cook, et elle ne m’a pas laissé un souvenir impérissable car je n’en ai pas trouvé.

Niue :

J’ai noté avec regret que l’on ne brasse pas à Niue qui s’appuie sur l’importation de bières néo-zélandaises. Cette attitude n’est pas forcément à déplorer car à coté des marques de grandes diffusions (Steinlager, Foster …) on peut trouver quelques breuvages très sympathiques quand ils ne sont pas en rupture… (lire notre article « bricoleur de ponton »).

Tonga:

Petite anecdote. Lors de notre arrivée à Port Maurelle il y avait une bonne quinzaine de bateaux anglo-saxons (surtout américains, australiens, canadiens et néo-zélandais) et nous avons été invité à venir le soir sur ma plage faire un feu, discuter, et boire des bières. Je saute sur l’occasion et décide de me débarrasser une bonne fois pour toute du pack d’Hinano qui traîne dans le bateau, vestige de notre soirée de départ à Tahiti. En arrivant sur la plage, je propose mes bières à un grand américain qui ressemble beaucoup à George Clooney et qui se prénomme Jeff. En reconnaissant mes bières, il a un mouvement de surprise et les yeux qui pétillent. Il m’explique alors qu’il ne peut pas accepter car elles sont « so expensive » et qu’il ne veut pas m’en priver! J’ai d’abord cru qu’il plaisantait, mais non. J’ai du insister pour qu’il en accepte une (puis deux). 10 jours plus tard, en me retrouvant au marché de Neiafu, il me parlait encore des bières que je lui avait offert…

Revenons à notre étude… La Popa’o, (Ale) bière des Tonga, vaut le détour. j’ai également bien apprécié la Maka (lager), qui bien que tongienne est une bière brassée en Nouvelle Zélande et distribuée uniquement aux Tonga.

Fiji:

la principale marque de bière s’appelle … Fiji. Je ne sais pas trop pourquoi ils ont choisi le nom d’un archipel perdu au fin fond du pacifique, enfin peu importe, je n’ai pas de leçon de marketing à donner… Fiji (la bière) se déclinent en de multiples variantes: Fiji Bitter (pale ale), Fiji premium (lager), Fiji gold (pale ale) … Ma préférence va à la Bitter qui est aussi la plus commune. On trouve également une sympathique lager dénommé « Vonu » (tortue).

Vanuatu:

A Port Resolution, Rafaël et Emma, ont tenu à participer à mon étude en ‘offrant 2 échantillons de « Manta », la bière de Nouvelle Calédonie, ce qui, après avoir goûté la Tusker (pale lager), la bière des Vanuatu, me conforte dans le sentiment précédemment développé à Tahiti que l’influence française dans le monde est désastreuse en matière de bière…

 

Je conclus ici, Alice arrive… Hips!

 

 

 

De Niue aux Tonga

 

niuetonga-03

Départ de Niue

La mer est si inconfortable que pendant ces deux jours de traversée nous restons à l’intérieur du bateau, et l’intérieur du bateau est peuplé de héros, de hobbits, de dragons, d’elfes, de sorciers, de moldus, du capitaine Nemo et du roi des Papas… Pourquoi voudriez vous qu’on aille voir dehors ? La mer est un amas de vagues tordues, une grosse vague de temps en temps s’écrase sur les hublots, laissant de magnifiques traces d’eau. La nuit le ciel étoilé rentre dans le carré par le hublot, le jour, la pluie laisse filer ses perles sur les hublots.

 

Le couchage des enfants dans le carré

Les enfants dorment dans le carré

 

La nuit le hublot est couvert d’étoiles, le jour le hublot est étoilé de pluie.Je me souviens d’un velux couvert de pluie dans un film de Woody Allen, et j’ai toujours aimé depuis les velux, les hublots sous la pluie, sous la lune, dans les étoiles, ce passage si immédiat de l’extérieur vers l’intérieur. L’extérieur est hostile, l’intérieur est paisible, rempli par nos imaginaires, extensible à l’infini, sans frontière, ni limite, il y a le in et le out, le dedans, et le dehors., la vie intérieure et la vie extérieure. Et comme bien souvent dans la vraie vie, sur le bateau, la vie intérieure est foisonnante, riche et la vie extérieure est plein de remous, tumultueuse, trouble. A la VHF nous entendons les voix gutturales des équipages suédois qui partis en même temps que nous de Niue, se dirigent comme nous vers les Tonga et communiquent entre eux avec leur langue mystérieuse. Le seul mot que nous comprenons est « slowdown » , Ralentir, en effet le vent nous pousse si vite que nous devons ralentir pour ne pas arriver de nuit aux Tonga.

 

Navigation dans le noir...

Navigation dans le noir…

 

Ralentir, sur un voilier, veut dire réduire les voiles, mais malgré le génois enroulé sur trois tours et les deux ris de pris dans la grand-voile, nous allons si vite que nous arrivons de nuit aux Tonga, dans l’archipel des Vava’u. La lune est pleine et lumineuse, malgré le voile des nuages, nous distinguons les îles noircies par la nuit, nous nous faufilons tels des cambrioleurs bilbotiens évitant les récifs, surveillant la navigation sur la carte électronique, nous mouillons dans la baie de Port Maurelle, clandestinement. Nous sommes en effet le samedi, et les autorités d’immigration étant ouvertes le lundi nous faisons fi de notre obligation de déclarer notre arrivée à la capitale des Vava’u jusqu’au lundi. Il est 4h du matin, nous n’avons pas dormis, Paris se couche t-il ?

 

niuetonga-02

Formalités d’arrivée

 

 

Lettres d’Alice

cp-al_niue-02

 

A Niue, Alice nous surprend en voulant absolument envoyer une carte postale à son oncle Paul. Elle choisit la carte méticuleusement, nous dicte le texte et le recopie minutieusement sur la carte.

Le lendemain, nous faisons une expédition sous la pluie pour aller la poster. Malheureusement la Poste est déjà fermée. Nous y retournons le lendemain matin juste avant le départ.

 

cp-al-niue-10

Bricoleurs de ponton

 

La modestie est surement l’une de mes plus grandes qualités, néanmoins, il est des situations où l’on ne peux se contenter de mièvres allégories et c’est auprès des plus grands qu’il faut se mesurer pour aller chercher l’inspiration. Ainsi pour appuyer cette humble participation à l’enrichissement de notre site, je n’ai d’autres choix de faire un parallèle entre nos vagabondages et l’un des grands mythes de l’antiquité.

Immédiatement c’est l’évocation d’Ulysse et de son odyssée qui s’impose par son analogie : Un sillage pavé d’imprévus, de monstres et d’aventures, de cyclope (Pierre), de sirènes (Elanore, Lucile, Alice) et de Circé (Hélène)… Pourtant ce n’est pas auprès d’Homère que je suis allé chercher mon inspiration mais auprès d’un mythe fondateur plus ancien et universel : Sisyphe et son caillou.  Je pense que tout le monde a déjà entendu parler de ce personnage antique de la mythologie grecque qui pour avoir défier les dieux et trompé la mort, fut condamné à monter une pierre au sommet d’une montagne, Pierre qui roulait invariablement le long de la pente avant d’arriver au sommet (like a rolling stone).

Était-ce vraiment une condamnation ? Certes, il ne pouvait atteindre la délivrance et la fin de son tourment, mais ne trouvait-il pas enfin dans cette tâche absurde sa raison d’être? Tenter de se surpasser, aller au delà des limites? Voulait-il vraiment réussir? Sa réussite l’aurait délivré mais également privé de sa raison de vivre ? Faut-il dresser son caillou au sommet de la montagne en défi aux dieux ou rouler éternellement sa pierre ? Atteindre l’absolu ou se créer un objectif inaccessible qui nous assure une quête eternelle?

 

Chaque bateau possède son rocher de Sisyphe que le capitaine appelle prosaïquement la « liste des trucs à faire ».

Un bateau c’est à la fois le paradis et l’enfer du bricoleur. Le lieu de tous ses fantasmes et de ses tourments, l’assurance de n’être jamais oisif et d’avoir des remords de l’être.

Un bateau, c’est comme flâner un dimanche après-midi dans une grande surface spécialisée et baguenauder au fil des rayons en rêvant : peinture, enduits, fibres et résines, mécanique, plomberie, visserie, soudure, hydraulique, électricité, froid, accastillage, voilerie, corderie, ébénisterie … Le tout condensé dans un espace de 12m de long sur 6,4 de large.

Le bateau c’est l’eldorado du bricoleur, il doit maîtriser y toute les techniques, toutes les disciplines, être le poète de la clé à cliquet, le soprano de l’ampère et le maestro du rouleau.

Le bateau, c’est son « tartare » son petit enfer personnel. L’ouvrage repris cent fois, les imperfections, les ratés que personne ne voit, mais qui sont là, visibles de lui seul, (la baguette d’angle mal ajustée, le vaigrage qui plisse ou les vis trop longues placées au dessus du carré et qui, pendant les quarts de veille, alors qu’il laisse son esprit vagabonder, allongé sur la banquette les yeux fixés au plafond, le narguent, amer témoignage et cinglant reproche de son « imperfectitude ».

« La liste des trucs à faire » c’est notre rocher de Sisyphe, chaque fois que nous a la satisfaction de biffer une ou deux taches, trois viennent s’y ajouter.

« La liste des trucs à faire », c’est notre échelle vers le nirvana, le décompte des degrés à franchir pour atteindre la perfection, un fantasme d’ingénieur : l’infini à portée de main, « Pi » fini.

La liste des trucs à faire, c’est la mesure de notre médiocrité, le rappel de nos erreurs, la preuve de nos imperfections.

 

Au commencement, on débute, on apprend.

On découvre de nouvelles techniques, on fait des erreurs, on lit, on tâtonne, on fait des erreurs, on se documente, on cherche des informations, on fait des erreurs, on quête les conseils, On fait des erreurs et on s’améliore.

Je me rends compte que mes travaux d’aujourd’hui sont mieux planifiés, mieux finis, plus rapides et plus efficaces, plus maîtrisés que ceux d’hier, c’est ainsi que depuis quelques temps j’ai une certaine fierté quant à l’exécution des travaux que je réalise. J’ai acquis dans plusieurs domaines une certaine habileté et expertise qui me permettent de bomber le torse et donner des conseils aux novices (en omettant naturellement de leur dire que je n’ai jamais mis en pratique les dits conseils, mais qu’ils sont issus d’une longue lignée de ratés). Cela s’appelle l’expérience…

Mais trêve de bavardages, il est temps de développer notre histoire et d’illustrer de quelles anecdotes croustillantes ces généralités, qui ma foi, n’étaient que du du baratin destiné à vous embrouiller l’esprit. Je conclus ici mon introduction.

 

L’histoire commence au large de Niue.

18 milles après avoir passé Niue,  nous nous sommes retrouvés dans une zone de calme plat sous la pluie et nous avons décidé de nous déhaler au moteur pour quelques heures afin de retrouver un flux de vent de sud-est qui doit nous propulser vers les Tonga.

C’est à ce moment qu’intervient la fameuse loi universelle qui régit l’univers connue dans les pays francophones comme « la loi de l’emmerdement maximum » et qui a été décrite par Edward A. Murphy Jr, sous la forme « Anything that can go wrong, will go wrong » (se qui peut se traduire par « La tartine tombe toujours du coté de la confiture » ).

  • les moteurs ne démarrent pas,
  • les batteries moteurs sont à plat.

La loi de Murphy ayant été prise en compte dans la conception de notre circuit électrique, notre Caracolito est équipé d’un sélecteur de batteries permettant de basculer du parc batteries « moteur » au parc batteries « servitudes ».

J’actionne le sélecteur, tente de démarrer les moteurs avec les batteries de servitudes, pas de démarrage : les batteries servitudes sont également quasiment à plat, car (et c’est ici que se rappelle à notre souvenir la fameuse « liste des trucs à faire ») :

  • Le gestionnaire de batterie ne fonctionne pas en raison d’un mauvais câblage, il est branché sur la batterie moteur ce qui m’empêche de suivre correctement notre consommation et notre production électrique (noté en priorité 2 sur la « liste des trucs à faire »).
  • le thermostat de notre frigo ne fonctionne plus, le frigo est toujours à fond et consomme donc 2 fois plus que normalement (priorité 1 sur la « liste des trucs à faire » depuis Aitutaki)
  • Un tiers de nos panneaux solaires ne produisent pas car le régulateur est hors service (priorité 1 sur la « liste des trucs à faire »). (nota : j’avais bien un régulateur de rechange, mais je l’ai donné à Marcello à Mopelia quand je me suis rendu compte que le kit qu’il avait acheté à Sunzil, avait été livré sans régulateur. Bien entendu mon régulateur est tombé en panne 3 jours plus tard. (Moralité : Il ne faut JAMAIS être généreux, et ne JAMAIS vouloir compenser les erreurs de son ancienne société…))
  • Le pilote fonctionne en permanence depuis 5 jours ce qui augmente sensiblement notre consommation journalière.
  • Le pilote a du mal a tenir le cap, j’ai donc augmenté sa sensibilité et donc sa consommation.

Comme vous l’avez compris, Cette situation n’aurait pas eu lieu si 3 points clairement identifiés de la liste des trucs à faire avait été traités. Car c’est le trait le plus sournois de cette liste, elle prophétise les pannes et les emmerdements. Elle nous prévient que les batteries vont tomber en panne, que la poulie va casser, que nous avons été négligent sur la maintenance et, une fois que le « go wrong » est arrivé, elle retourne impitoyablement le couteau dans la plaie en nous susurrant à l’oreille : « tu savais qu’il fallait le changer et tu ne l’as pas fait ! Tu veux un peu de moutarde pour assaisonner les doigts que tu es en train de mordre ? »

Nous arrivons donc à Niue avec 2 entrées supplémentaires sur la liste des trucs à faire :

  1. Comprendre pourquoi les 2 batteries moteurs se comportent comme si elles étaient en parallèle (priorité 1)
  2. recharger les batteries (priorité 1)

Ainsi que 2 entrées déjà existantes dont le niveau de priorité est passé de « priorité 1 » à « priorité absolue » :

  • Remettre en production les panneaux solaires du Bimini (quitte à les mettre en direct sur les batteries),
  • Reprendre le câblage du gestionnaire de batteries pour le mettre en fonction.

 

Bien entendu le premier jour, je ne fais rien, formalité, fatigue, baleines, courses, autant d’excuses farfelues qui ne font qu’aggraver ma culpabilité par rapport à la longueur de la « liste des trucs à faire ».

Je démarre néanmoins les moteurs pour charger les batteries et commence à regarder un dessin animé avec les filles. Au bout d’une quarantaine de minutes je sens une odeur de brûlé familière mais que je n’arrive pas à identifier. (Cela ressemble à du liquide de refroidissement qui bout). Cela provient de bâbord. J’ouvre la cale moteur, vérifie les niveaux, température, fonctionnement : rien d’anormal. Je remet en route, l’odeur devient de plus en plus forte.

J’éteins les moteurs et m’aperçois que le gestionnaire de batterie indique que la batterie du moteur tribord débite un un courant de 15 Ampères. Aussitôt, je m’arme de ma pince ampérométrique et part à la recherche des ampères perdus.

Je les localise rapidement (ainsi que la source de l’odeur de brûlé) : Dans la soute arrière, la batterie du moteur bâbord se prend pour une cocotte minute !

Je la déconnecte, sécurise le circuit électrique et remet au lendemain la suite des opérations.

Le lendemain – Dimanche 11/09.

9h30 : Le petit déjeuner est pris. Je renâcle à prendre les choses en main. Il faut en premier lieu faire une recherche de panne, opération rebutante car elle nécessite de la réflexion et son timing est aléatoire. Je n’ai pas envie de réfléchir et intervenir sur le circuit électrique implique de mettre sens dessus dessous les 2 cabines arrières (ainsi que les cabines avant qui reçoivent se qui se trouvait dans les cabines arrières) et vider complètement les coffres de cockpit, vider les soutes arrières et surtout devenir contorsionniste pour y rentrer.

La « liste des choses à faire » devient de plus en plus moqueuse et mesquine. Elle s’acoquine avec le fameux proverbe « ne jamais remettre au lendemain ce qu’on peut faire le jour même » pour me mettre de mauvaise humeur.

12h43: je me lance,  premier objectif : mise en service du gestionnaire de batterie.

Je tente de repérer le passage des câbles, m’arme d’un stylo pour redessiner le schéma électrique, je met à contribution Elanore et Lucile pour prendre des mesures de résistance des câbles traversant la paroi et finit par identifier les problème de câblage (inversion des câbles négatifs des batteries servitudes et moteurs).

16h21 : Le gestionnaire de batterie fonctionne. L’ensemble du câblage « – » est vérifié, remis en ordre, repéré et reproduit sur le papier.

16h22 : Je m’accorde un bon point. (Au bout de 5 bons points, on a droit à une bière)

16h23 : Je tergiverse.

16h35 : je commence à étudier le schéma électrique du bateau.

16h47 : Je conclus définitivement que le problème vient d’un des répartiteurs. Je décide de supprimer les liaisons croisées qui permettent à 1 moteur de charger les 2 batteries moteur simultanément.

17h25 : J’ai déconnecté les liaisons. J’ai également nettoyé, resserré et protégé les connexions des batteries du parc « servitudes » et de la batterie moteur tribord.

17h26 : je commence à ranger et remettre en place les coffres, soutes, cabines etc…

18h55 : J’ai fini de tout ranger. Je fais le bilan et prépare « la liste des trucs à faire pour demain ».

Pour les ignares, la liste des trucs à faire pour demain » est un sous-ensemble de la « liste des trucs à faire » précédemment mentionné qui regroupe les tâches devant être impérativement menée le lendemain afin de s’autoriser un instant de relaxation bien mérité autour d’une bière qui l’est également (bien méritée).

La «liste des trucs à faire pour demain » comprend :

  1. Acheter une batterie de démarrage 100A
  2. Trouver un régulateur PWM 30A
  3. Installer la batterie de démarrage nouvellement achetée
  4. mettre les panneaux solaires du bimini en direct ou installer le régulateur (si le point 2 a pu être réalisé)
  5. installer le coupe-circuit que j’ai en réserve (échantillon offert par le distributeur ABB de Tahiti au BE de Sunzil et qui (l’échantillon) s’est volatilisé du BE et a mystérieusement réapparu dans notre bateau) sur les panneaux du bimini .

Les chances de réussite de la tâche N°1 sont évaluées à 50% par les bookmakers locaux qui sont fort pessimistes concernant la tâche N°2 dont les chances de succès sont évaluées à 10%.

19h08 Je décide de m’autoriser une petite bière. Il ne nous reste que de la Hinano (bière de Tahiti) à bord… Je décide de ne pas boire de bière.

Lundi 12/09.

08h35 : Nous allons à terre de bon matin et nous nous rendons au Yatch-club. Je parle au gérant de mon problème de batterie. Il me propose de m’emmener aux 3 magasins qui vendent des batteries sur l’ile. J’accepte. Les 2 premiers n’ont que des petites batteries inutilisables. Il m’emmène voir Jerry.

Nous quittons la ville et il prend la route traversière de l’île. Il finit par rentrer dans une petite propriété. Dans le jardin se trouvent des épaves d’engins agricoles, des épaves de frigos, 4 chiens et un cochon qui ressemble à un chien. Après vérification il s’avère que le cochon est un chien qui est aussi gros qu’un cochon.

Jerry sort de sa maison : Il a des batteries qui correspondent à mes besoins. Je tente ma chance et lui parle de régulateur… Miracle, il en a également ! Malheureusement ils ne peuvent produire que 20A. Je retente ma chance, en a-t-il en 30A ? Re-miracle, il en a un ! (certes, il ne m’inspire pas confiance, me parait un peu petit avec un radiateur minuscule et des connecteurs accueillant à peine du fil de section 6² et ils sont fabriqués en chine, mais ce sont bien des régulateurs dont le prix est TRES compétitif…).

Je me sens en veine, (j’ai remarqué 4 panneaux solaires en triste état dans son jardin) et tente l’impossible : Aurait-il par hasard des connecteurs double MC4 pour mettre les panneaux solaires en parallèle ?

Aparté pour ceux qui se souviennent du début de mes propos (j’invite les autres à lire plus attentivement les premiers paragraphes de cet article avant de continuer) : Il y a toujours des petits détails qu’on se reproche dans les travaux qu’on est le seul à voir. Dans mon cas un de point qui m’agace au plus haut point c’est de voir des ombres sur l’un des panneaux qui sont sur le portique arrière. J’ai passé 5 ans à Sunzil à expliquer à tout les voileux de passage qu’il fallait préférer un raccordement en parallèle des panneaux pour qu’une ombre sur l’un des panneaux n’ait pas d’influence sur l’autre panneau et je n’ai pas trouvé mieux à faire lors du montage sur mon propre bateau que les mettre en série ! Certes cela ne représente pas une perte vraiment significative, mais mon amour propre souffre à chaque petite ombre cruelle qui me rappelle que je n’ai pas optimisé mon installation. Des connecteurs MC4 double seraient la solution élégante et la  mieux adaptée qui permettrait à mon amour propre d’éviter de ne sortir que la nuit en rasant les murs le visage masqué sous une épaisse couverture.

La réponse de Jerry me sidère : « Yes I have! »

J’en conclu que mon anglais est « very poor » et pose la question autrement. Même réponse.

Devant mon air ahuri, il m’emmène dans son hangar / cabane de jardin et sort une espèce de vieille boite généralement désignée comme « boite à trucs qui peuvent servir » ou « boite à bordel » ou « boite de machins à ranger ». Il l’ouvre, la fouille et me sort 2 paires de connecteurs double MC4…

15h10 : Nous retournons à bord avec batteries, régulateurs, connecteurs, femme et enfants. Entre-temps, nous sommes allés récupérer de l’argent à la banque (pour payer la batterie), été à la douane pour les formalités de départ du sur-lendemain, fait quelques courses (dont une canette de bière Neo-zélandaise de bon aloi), et mangé des hot-dogs qui ressemblaient à des beignets à la saucisse.

15h13 : Nous revenons au bateau, j’attaque la mise en place de la batterie.

C’est à ce moment que l’on ressent le poids de l’expérience. Immédiatement j’ai dressé un mode opératoire et identifié la liste exhaustive des outils nécessaires :

  • clé à cliquet + douille de 13
  • pince multiprise,
  • brosse métallique,
  • bombe de graisse.

En 35 secondes l’ensemble de l’outillage est rassemblé, 2 minutes et 53 secondes plus tard la batterie est raccordée les cosses nettoyées et protégées. Je démarre le moteur : tout fonctionne à merveille.

 

15h17 : Je décide de poursuivre par la mise en parallèle des panneaux du portique. Je sais que cela ne fait pas partie de « la liste des trucs à faire pour demain » mais cela devrait être très rapide. (je sais également que selon les célèbres proverbes caracolitois : « toujours remettre au lendemain ce qu’on peut faire le jour même », et « il faut connecter le panneau tant qu’il est chaud », si je ne le fait pas immédiatement, dans un an, les connecteurs ne seront toujours pas installés…

Je me rends compte rapidement que les câbles des panneaux trop courts car les boîtiers de connexion des panneaux sont trop éloignés. Il faut que j’inverse un panneau.

Je m’auto-félicite pendant une demi-minute pour l’intelligence de la conception de mon portique arrière et du système de fixation. En quelques secondes, j’ai desserré les écrous permettant de faire basculer le châssis. Je desserre les brides, descend le panneau, le retourne, resserre les brides et remet le châssis en position. La mise en place des connecteurs est un jeu d’enfant. Je vérifie le fonctionnement et rattache les câbles.

 

15h39 : Je prépare le remplacement du régulateur sur les panneaux du Bimini suivant le processus décrit précédemment et largement éprouvé :

  • Analyse,
  • Identification du processus,
  • réalisation d’une gamme opératoire,
  • liste de matériel…

Je sors les 2 boites à compartiments où sont rangées amoureusement toutes mes vis à bois, ainsi que les accessoires électriques, puis rassemble tournevis, pinces coupante et à dénuder.

J’en profite pour installer mon fameux coupe-circuit ABB (celui qui est apparu mystérieusement…) entre le régulateur et les panneaux. Je coupe, dénude, raccorde, visse et teste. Tout fonctionne parfaitement.

 

16h42 : J’organise mentalement la suite des opérations : dans l’ordre : Rangement, baignade, bière néo-zélandaise fraîche (Speight’s gold medal Ale).

 

17h12 : Le rangement est presque terminé, il ne me reste que la boite de vis à ranger sous le lit d’Alice. J’attrape vivement la boite posée sur le banc du cockpit. Malheureusement, j’ai oublié de fermer le couvercle : Environ 1852 vis de 31 types différents se répandent immédiatementsur le sol…

 

17h13 : J’émets plusieurs jurons, imprécations et borborygmes.

 

17h15 : je décide d’aller me baigner.

 

17h32 : J’ouvre ma bière (Speight’s gold medal Ale) et m’assoit au fond du cockpit avec d’un coté une boite compartimentée vide et de l’autre un tas de vis mélangées. Je constate que la bière et excellente, note la marque consciencieusement (Speight’s gold medal Ale) et décide d’ajouter une action sur ma « liste des trucs à faire pour le lendemain »: « acheter un pack de « Speight’s gold medal Ale » avant notre départ de Niue.

 

18h 39 : J’essaie d’organiser un jeu intitulé « mi amie la vis » (a ne pas confondre avec Miami Vice) avec les filles, mais elles ne sont pas intéressées.

 

19h05 : pause dîner

 

19h35 : reprise de l’opération « vis du dessert »

 

20h02 : je range la boite compartimentée (fermée) sous le lit d’Alice.

 

Epilogue

Le surlendemain, Il pleut à verse toute la journée. Nous ne pouvons pas sortir. Vers 16h j’organise une expédition avec Elanore, Alice et Lucile. Nous enfilons les cirés et direction le rivage. Officiellement, il s’agit de faire les dernières courses et poster les cartes postales écrites par Elanore, Lucile et Alice.

La poste vient de fermer. Nous nous dirigeons vers l’objectif secret de notre expédition: le seul magasin autorisé à vendre des spiritueux sur l’ile.

Le propriétaire m’y apprend qu’il vient de tomber en rupture de « Speight’s gold medal Ale » et qu’il n’y en a plus de disponible sur l’île…

 

-o-

« La lutte elle-même vers les sommets suffit à remplir un cœur d’homme. Il faut imaginer Sisyphe heureux. »

A. Camus

-o-

Niue, la réalité d’une île

Niue la réalité d’une île, Niue la beauté d’une île.,

L’île se révèle dans toute sa beauté et sa singularité d’île, c’est un socle de corail qui est remonté lentement, après des années et des années d’un temps géologique :L’île est entièrement formée de blocs de corail placés en un désordre rocailleux, comme si un tremblement de terre venait de se passer, ou bien comme si des coulées de lave s’étaient répandues sur l’île, et couverte d’ une végétation tropicale (banian, cocotiers, arbres à pain, papayers etc…) poussant à même le corail. L’élévation du socle de corail laisse apparaître en bord de mer, des grottes, des grottes de corail, ce qui en fait toute leur singularité, avec des stalactites et des stalagmites nées des gouttes d’eau de condensation et sous la mer, des piscines naturelles entre ces blocs de corail . Des eaux cristallines baignent l’île, d’une pureté et transparence extraordinaires et abritent de juillet à septembre des baleines avec leurs baleineaux : toute la journée nous pouvons en voir sauter, souffler, plonger, se rouler, s’approchant même des bateaux au mouillage. Observer la mer revient à devenir des vigies pour apercevoir les baleines. Il fût un temps où Niue était le repaire des chasseurs de baleines qui se postaient en haut de la baie en attendant leurs proies. Et postés nous mêmes en haut de la baie, ou à l’affût sur le pont de notre bateau, guettant ces si graciles géants de la mer, il nous revient en tête la chanson de la chasse à la baleine des Maristo , l’histoire de Moby Dick et celle de Pawana contée par Le Clezio. « Harponne, Harponne la !».

 

 

La mer nous offre un autre objet de fascination : les serpents de mer. Rayés de noir, ondulant au fond de l’eau ou montant à la surface, ils ont le poison du cobra mais ne mordent pas nous assure t-on, leur bouche étant trop petite et sans dent pour mordre… Curieux de notre présence dans l’eau, ils remontent de fonds de 20 mètres pour nous observer, puis plongent aussitôt, nous sommes saisis de peur et fascinés. Il peut y en avoir jusqu’à 30 autour du bateau la nuit, sortant la tête. Un jour, je me trouvais dans une de ces petites piscines de mer formée par une anfractuosité dans le corail, au fond, un serpent de mer, qui se met à remonter et à venir dans ma direction, la piscine était petite et je me suis mise à reculer vite arrêtée par la paroi de corail, le serpent voulait en fait sortir de la piscine et prendre un petit canal qui reliait au platier, il y avait si peu de place dans ce petit canal qu’il a chassé avec sa queue les poissons qui s’y trouvaient, il est passé à côté de moi avec une indifférence toute reptilienne, j’étais montée sur le corail, mourant… de peur.

Avec les enfants, nous explorons l’aire autour du bateau, poissons juvéniles multicolores, Napoléon, requin pointe blanche…pas en quantité mais le corail est si beau -de grandes étendues de corail formant des canyons -et l’eau est tellement claire, avec des lueurs bleutées comme si elle était glacée, à Niue, il fait froid, 22 ° degré à l’extérieur : double lycra , double maillot pour aller dans l’eau et tenir plus longtemps pour accéder à la beauté. Cette île de toutes les beautés a souffert, ravagée sept fois par des cyclones : hôpital, école, administration, habitations, ravagée puis reconstruite puis ravagée et reconstruite, jusqu’au prochain cyclone, comme si la beauté de l’île était une consolation face à tous ces ravages, comme si la beauté était une consolation face aux ravages de l’existence. Alice nous pose en ce moment ces questions  : pourquoi meurt on ? Est ce que tout le monde meurt ? Que devient on quand on est mort ? La route principale de l’île est bordée de tombes, ainsi que devant les habitations, lorsque l’on fait le tour de l’île, les enfants comptent les tombes aperçues au bord de la route, ici comme partout en Polynésie, les morts sont mêlés aux vivants et toutes les questions que pose la petite Alice sont des questions dont jamais on ne se remet, que l’on se pose tout le long de sa route et la beauté, l’art sont nos consolations…

 

 

Il est un arbre étrange qui pousse à l’est de Niue, il est fait de vieilles casseroles, de bouilloires, de plastiques élimés, troués, d’ordinateurs hors service, de toutes sortes d’objets éculés, déformés, malmenés, périmés, noircis, rouillés, avilis, de tous ces objets de notre société de consommation dont on ne sait plus quoi faire, qui tourbillonnent dans la mer et se retrouvent ramenés sur les plages, il est né de l’imagination d’un artiste Mark Cross et chacun peut y ajouter son objet-déchet, c’est comme une évidence que nous accrochons à l’arbre l’impériale bouteille de coca cola qu’Alice s’est empressée de vider.

 

niue-04

 

De Aitutaki vers … ?

1er jour de mer, mer agitée,

2ième jour de mer, mer agitée,

3ième jour de mer, mer agitée,

 

les jours passent et se ressemblent, vent arrière de 15, 20 nœuds, vitesse 7 nœuds, la mer est une succession de petites vagues qui roulent vers l’ouest, une drôle de mécanique la mer, des petites vagues régulières à l’infini, sans discontinuité et soudain une, ou deux grosses vagues qui roulent, qui roulent jusqu’au bateau, montent, montent comme si elles allaient s’écraser sur le bateau, puis finalement font monter le bateau et le redescendre et encore le monter et le redescendre, la mer est d’une telle monotonie comme si elle avait effacé le temps et qu’on ne savait plus depuis combien de jour nous sommes là, l’esprit n’a plus rien pour s’accrocher, aucun repère visuel, seul un malheureux calendrier de 2014 trône dans le bateau qui nous sert à l’étude des enfants, obsolète calendrier qui nous oblige à faire des calculs pour connaître notre jour de semaine, obsolète temps et temps obsolète, l’un et l’autre sont vrais, de chaque côté du mot temps se trouve l’obsolescence, la mer est un temps présent, un présent absolu sans passé ni futur, un lieu sans ride malgré les rides de la mer, sans peau lisse malgré la mer plate, un lieu sans jeunesse ni vieillesse, comme si cela devait durer encore, la mer est une surface neutre, humainement neutre, nous recevons la seule visite d’un fou de bassan, visite animale mais presque humaine dans nos longues solitudes…

 

 

il y a la succession de lunes, d étoiles et de jours gris, le matin le rose s’empare de chaque petit nuage et allume sa tendresse puis s’efface pour laisser la place à ce gris, à ce désemparement, plus tard dans la journée, c’est un blanc laiteux , écœurant en bas du ciel et le bleu au centre qui peine à s’imposer, et le gris partout, qui reste.

La mer est sans mémoire, combien de bateaux sont passés par là et toujours ce paysage sans temps, seul le temps de sa propre mémoire, celle du vent griffant la vague, les milles et milles rides et ridules composant la mémoire de la mer, quelle trace auront laissé les bateaux de leur passage – nulle trace de ceux qui furent un temps là, d’où viennent ces fous qui nous approchent, auront ils laisser une terre derrière eux, ou toucheront-ils un jour une terre, et quelle terre, quelle est la prochaine île qui naîtra de cette mer ?

Nous traversons une géographie invisible, faite de sommets inversés , les abysses, à 3000 m, 4000 m au dessous de nous,et le fait même d’y penser sans pouvoir s’y pencher est vertigineux, à la surface , le bateau qui vogue par 4,5 nœuds, les voiles gonflées, tendues par le vent, en dessous, les infinis, les abysses.

 

 

A 65km de l’île de Tongatapu est née une nouvelle île, elle n’est pas cartographiée, elle est née de l’activité volcanique sous marine, a jailli de trois mille mètres, un long et lent jaillissement de millions d’années.

Une île est née récemment dans l’archipel de Ha’apai aux Tonga, elle est née du volcan Hunga Tonga-Hunga Haʻapai qui après une série d’éruptions, de coulées de lave, d’explosions d’azote et de phosphore , après avoir craché des nuages de cendre et de pierres incandescentes, a donné naissance à une nouvelle île. L’île a 1 à 2 km de large, 2 km de long et 120 m de haut. Des oiseaux de mer ont commencé à nicher sur l’île.

Voici le récit de la naissance de l’ île (source : noonsite.com):

 

«  Hunga Tonga volcano – 20° 34′ 12″ S, 175° 22′ 48″ W 

Hunga Tonga Hunga Ha’apai est un volcan situé à 30 km au sud sud est de Fonuafoou (dite « l’île du Faucon »). Le volcan est à nouveau entré en éruption le 19 décembre 2014. L’éruption a continué en 2015 avec, en particulier, un grand nuage de cendres monté à 3 km dans le ciel le 6 janvier 2015. L’éruption est entrée dans une nouvelle phase le 11 janvier 2015 quand le volcan a commencé a envoyé des cendres à 9km dans le ciel. Un nuage de cendres a atteint 4,5 km le 13 janvier et une grande quantité d’azote et de phosphore s’est écoulée sous l’eau détruisant les algues provoquant une marée rouge. Deux nouveaux cratères ont été identifiés, un sur le volcan Hunga Ha’apai et un autre à peu près à 100m, au-dessus et sous la mer. Le 16 janvier 2015 une nouvelle île a été formée par l’explosion, bien que les géologues disent que la nouvelle île n’existera que quelques mois jusqu’à ce que les vagues de l’océan la submergent. Les autorités de Tonga ont déclaré la fin de l’éruption le 26 janvier 2015 après avoir observé qu’il n’y avait plus de gaz, ni de cendres ni de pierres sortant du cratère de l’île. A l’heure actuelle, l’île a 1 à 2 km de large, 2 km de long et 120 m de haut. L’île touche Hunga Ha’apai et est à peu près à 200m de Hunga Tonga. Des personnes visitant l’île ont constaté que des oiseaux de mer avaient commencé à nicher. »

En sortant de la passe, nous avons vu une baleine et son baleineau, mais toute vie marine est maintenant recouverte du voile de la mer, dans les airs, quelques fous esseulés viennent par leur vol, peupler notre ciel.

En haut d’une vague, monté sur le sommet, à la crête, on pourrait se croire roi tellement le royaume est défini, la circonférence du royaume précise, l’étendue marine limitée. Cinq cent ans de sang bleu coulent dans mes veines, et des mes ancêtres, comtes et comtesses, je me suis demandé quel héritage ils m’avaient transmis, le voilà mon royaume celui de la mer, et mon sang bleu, celui de la mer, et leur rang de comtes et de comtesses, celui des contes, leur héritage, du vent, de l’espace, et un jeu de mot.

 

A Aitutaki, il y avait une femme qui s’appelait Memory. « c’est un prénom rare » lui ai-je dit. Elle m’a raconté que sa grand-mère venait d’Australie et avait immigré à Aitutaki. Lorsqu’elle est née, sa grand mère avait voulu qu’elle se nomme Memory, « mémoire », pour se rappeler d’où elle venait.

 

A 7h du matin, le jour ne s’était pas encore levé, dans la nuit, cinq petites lumières : Niue ! Cinq petites lumières dans la nuit, depuis cinq jours de navigation, c’est ce qu’on appelait une île, il fallait voir la carte pour le croire. Il y avait la possibilité d’une île, comme aurait dit Houellebecq, la possibilité de cette île, l’île de Niue, c’est à dire de s’arrêter, d’arrêter le mouvement perpétuel du bateau, arrêter la nausée et le mal de tête si vite arrivés, ouvrir un horizon tangible fait de terre, d’arbres, de maisons, d’hommes et de femmes, de voitures…tout le monde se réveille dans le bateau pour voir les lumières de Niue dans la nuit. Ces petites lumières qui dansent dans la nuit, dans notre univers de mer. Niue est une île dont la base volcanique ne s’est pas effondrée : la base de corail est remontée sur toute sa surface, elle est sans passe, sans lagon. Lorsque le jour se lève, Niue est un rectangle noir à la surface. « elle est grande, elle est grande cette île, pas comme sur la carte. « dit Alice. La lumière du soleil levant envahit peu à peu l’est de l’horizon, et en quelques minutes, le gris prend le dessus, un temps maussade, prêt à exploser en pluie. A 9h, il ne reste rien de l’île, le ciel a été envahi par une masse nuageuse. C’est ainsi qu’a disparu Niue de notre horizon,après avoir été cinq lumières dans la nuit.

aitu-nuie-03

Lever de soleil devant Niue

Le vent est tombé, à moins de 10 nœuds, le bateau traîne sa coquille à 3 nœuds, la mer calme, et l’horizon, toujours ce même cercle, s ans début ni fin ; depuis 5 jours, notre horizon le même, avec les variations des vagues, du ciel, à tel point que nous avons l’impression de faire du surplace, si ce n’était notre trace électronique, de nous mouvoir dans un paysage immobile.

aitu-nuie-02

Plus de vent, plus de soleil, plus de houle, plus de batteries…

 

Niue la nécessite d’une île.

Le vent est tombé, il pleut, le ciel est entièrement gris, pris sous une chape de gris, nous n’avançons plus, lorsque nous voulons mettre en marche le moteur, impossible de le démarrer. Nous coupons ce qui consomme de l’énergie, le frigo, le convertisseur électrique mais rien n’y fait, c’est une panne de batterie, le moteur ne démarre pas, il nous resterait deux nuits pour aller aux Tonga mais en risquant de tomber en panne totale d’appareils électriques, les plus importants étant les instruments de navigation. Niue devient alors la nécessite d’une île, nous décidons de rebrousser chemin et de nous diriger vers Niue à la voile avec le peu de vent qui souffle. Cela fait trois heures que nous avons dépassé l’île. Niue n’a pas de passe et comporte une baie ouverte où se trouvent les bouées d’amarrage. Il est donc possible d’y arriver à la voile, sans moteur. le vent nous pousse à trois nœuds, puis deux… le temps paraît long, nous voulons arriver avant la nuit, un peu plus de vent se met à souffler, le bateau s’emballe, tiens une éclaircie, nous essayons à nouveau de démarrer le moteur,oh, ça marche, ça marche!! et en avant pour Niue : cette île que nous voulions ignorer de notre présence nous offre maintenant son abri, sa large baie ,et ses bouées d’amarrage. Nous arrivons à Niue en fin d’après midi et nous prenons une bouée ; une huitaine de bateaux sont déjà au mouillage, suédois, canadien, américain, suisse. Le pavillon de Niue est hissé, nous sommes heureux d’être arrivés.

 

aitu-nuie-01

Au mouillage

 

baleines à Niue

cp_lu_baleine_niue

 

Du mouillage de Niue, nous voyons passer les baleines à quelques dizaines de mètres du bateau.

Nous observons également des poissons et des serpents de mer!

 

cp_lu_baleine_dessin

La courageuse Lucile observe et dessine les baleines

Dernière position connue

Cliquez sur la carte pour vous déplacer. Utilisez la molette pour zoomer/dézoomer. Vous pouvez cliquer sur les icones de la carte

Cliquez ici pour voir la carte en grand dans un nouvel onglet.

Pour avoir des nouvelles sur votre boîte mail :

Nos précédents éditos

  • 26/11/2018
  • 31/10/2018
  • 09/08/2018
  • 18/01/2018
  • 06/06/2017
  • 07/05/2017
  • 05/02/2017
  • 28/12/2016
  • 02/12/2016
  • 03/11/2016
  • 06/10/2016
  • 04/09/2016
  • 30/08/2016
  • 11/08/2016
  • 22/07/2016

Nombre de Milles parcourus : 22769