Niue, la réalité d’une île
Niue la réalité d’une île, Niue la beauté d’une île.,
L’île se révèle dans toute sa beauté et sa singularité d’île, c’est un socle de corail qui est remonté lentement, après des années et des années d’un temps géologique :L’île est entièrement formée de blocs de corail placés en un désordre rocailleux, comme si un tremblement de terre venait de se passer, ou bien comme si des coulées de lave s’étaient répandues sur l’île, et couverte d’ une végétation tropicale (banian, cocotiers, arbres à pain, papayers etc…) poussant à même le corail. L’élévation du socle de corail laisse apparaître en bord de mer, des grottes, des grottes de corail, ce qui en fait toute leur singularité, avec des stalactites et des stalagmites nées des gouttes d’eau de condensation et sous la mer, des piscines naturelles entre ces blocs de corail . Des eaux cristallines baignent l’île, d’une pureté et transparence extraordinaires et abritent de juillet à septembre des baleines avec leurs baleineaux : toute la journée nous pouvons en voir sauter, souffler, plonger, se rouler, s’approchant même des bateaux au mouillage. Observer la mer revient à devenir des vigies pour apercevoir les baleines. Il fût un temps où Niue était le repaire des chasseurs de baleines qui se postaient en haut de la baie en attendant leurs proies. Et postés nous mêmes en haut de la baie, ou à l’affût sur le pont de notre bateau, guettant ces si graciles géants de la mer, il nous revient en tête la chanson de la chasse à la baleine des Maristo , l’histoire de Moby Dick et celle de Pawana contée par Le Clezio. « Harponne, Harponne la !».
La mer nous offre un autre objet de fascination : les serpents de mer. Rayés de noir, ondulant au fond de l’eau ou montant à la surface, ils ont le poison du cobra mais ne mordent pas nous assure t-on, leur bouche étant trop petite et sans dent pour mordre… Curieux de notre présence dans l’eau, ils remontent de fonds de 20 mètres pour nous observer, puis plongent aussitôt, nous sommes saisis de peur et fascinés. Il peut y en avoir jusqu’à 30 autour du bateau la nuit, sortant la tête. Un jour, je me trouvais dans une de ces petites piscines de mer formée par une anfractuosité dans le corail, au fond, un serpent de mer, qui se met à remonter et à venir dans ma direction, la piscine était petite et je me suis mise à reculer vite arrêtée par la paroi de corail, le serpent voulait en fait sortir de la piscine et prendre un petit canal qui reliait au platier, il y avait si peu de place dans ce petit canal qu’il a chassé avec sa queue les poissons qui s’y trouvaient, il est passé à côté de moi avec une indifférence toute reptilienne, j’étais montée sur le corail, mourant… de peur.
Avec les enfants, nous explorons l’aire autour du bateau, poissons juvéniles multicolores, Napoléon, requin pointe blanche…pas en quantité mais le corail est si beau -de grandes étendues de corail formant des canyons -et l’eau est tellement claire, avec des lueurs bleutées comme si elle était glacée, à Niue, il fait froid, 22 ° degré à l’extérieur : double lycra , double maillot pour aller dans l’eau et tenir plus longtemps pour accéder à la beauté. Cette île de toutes les beautés a souffert, ravagée sept fois par des cyclones : hôpital, école, administration, habitations, ravagée puis reconstruite puis ravagée et reconstruite, jusqu’au prochain cyclone, comme si la beauté de l’île était une consolation face à tous ces ravages, comme si la beauté était une consolation face aux ravages de l’existence. Alice nous pose en ce moment ces questions : pourquoi meurt on ? Est ce que tout le monde meurt ? Que devient on quand on est mort ? La route principale de l’île est bordée de tombes, ainsi que devant les habitations, lorsque l’on fait le tour de l’île, les enfants comptent les tombes aperçues au bord de la route, ici comme partout en Polynésie, les morts sont mêlés aux vivants et toutes les questions que pose la petite Alice sont des questions dont jamais on ne se remet, que l’on se pose tout le long de sa route et la beauté, l’art sont nos consolations…
Il est un arbre étrange qui pousse à l’est de Niue, il est fait de vieilles casseroles, de bouilloires, de plastiques élimés, troués, d’ordinateurs hors service, de toutes sortes d’objets éculés, déformés, malmenés, périmés, noircis, rouillés, avilis, de tous ces objets de notre société de consommation dont on ne sait plus quoi faire, qui tourbillonnent dans la mer et se retrouvent ramenés sur les plages, il est né de l’imagination d’un artiste Mark Cross et chacun peut y ajouter son objet-déchet, c’est comme une évidence que nous accrochons à l’arbre l’impériale bouteille de coca cola qu’Alice s’est empressée de vider.
le 9 octobre 2016 à 19:19
« si on te pose la question : où va tout le blanc quand la neige fond ?
Dis lui que ça fait gonfler les torrents, ça fait monter le vent … »
c est aussi une consolation ? !