Pierre la bière
Les enfants sont terribles.
Depuis notre départ, je ne peux plus boire une petite mousse sans entendre les commentaires d’Alice. A l’entendre on pourrait presque croire que je suis alcoolique alors que je poursuis simplement une étude scientifique entamée il y a plus de onze ans sur les us et coutumes houblonnées dans le monde. Etude que j’avais du mettre en suspens pendant notre escale Tahitienne car, bien que monument national tahitien, la principale qualité de la Hinano réside essentiellement dans son packaging et la ligne de vêtements qui y est associée. Il y a bien eu quelques louables intentions d’originalité gustative de la part de la brasserie de Tahiti (Bière au Uru (fruit de l’arbre à Pain), Hinano gold, Hinano ambrée…) mais qui n’ont pas su me séduire. Au point que, pendant les premières années de notre séjour tahitien, je buvais essentiellement de la Corona avant que son prix ne double inexplicablement du jour au lendemain ce qui m’a précipité dans les tentacules impérialistes de Budweiser (bud ice et bud light)…
Dès que le décapsuleur entre en action, émettant un charmant tintement suivit de ce petit lâché de pression qui a pour effet de faire apparaître quelques délicates bulles sur le goulot, j’entends une petite voix flûtée provenant des entrailles du bateau: « Papa, il ne pense qu’à la bière! »
Elle a l’oreille fine!
A bord, nous avons presque tous un surnom: Elanore le trésor, Lucile la luciole, Alice la malice… pour faire honneur à son surnom, Alice m’a surnommé : « Pierre la bière! »
Depuis notre départ de Tahiti, j’ai repris mon étude et me fais un point d’honneur d’aborder chaque pays visité à travers ses productions de bières locales, ce qui a pour effet de m’entendre répéter à chaque fois: « Papa, il ne pense qu’à la bière! »
Je vous épargnerais ici l’ensemble des détails de cette étude qui fait à ce jour plus de 250 pages illustrés de nombreux graphiques, photos et autres camemberts, mais je vous donnerais néanmoins quelques ressentis globaux.
Iles cook :
Il y a bien une bière locale (Matutu) aux iles Cook, et elle ne m’a pas laissé un souvenir impérissable car je n’en ai pas trouvé.
Niue :
J’ai noté avec regret que l’on ne brasse pas à Niue qui s’appuie sur l’importation de bières néo-zélandaises. Cette attitude n’est pas forcément à déplorer car à coté des marques de grandes diffusions (Steinlager, Foster …) on peut trouver quelques breuvages très sympathiques quand ils ne sont pas en rupture… (lire notre article « bricoleur de ponton »).
Tonga:
Petite anecdote. Lors de notre arrivée à Port Maurelle il y avait une bonne quinzaine de bateaux anglo-saxons (surtout américains, australiens, canadiens et néo-zélandais) et nous avons été invité à venir le soir sur ma plage faire un feu, discuter, et boire des bières. Je saute sur l’occasion et décide de me débarrasser une bonne fois pour toute du pack d’Hinano qui traîne dans le bateau, vestige de notre soirée de départ à Tahiti. En arrivant sur la plage, je propose mes bières à un grand américain qui ressemble beaucoup à George Clooney et qui se prénomme Jeff. En reconnaissant mes bières, il a un mouvement de surprise et les yeux qui pétillent. Il m’explique alors qu’il ne peut pas accepter car elles sont « so expensive » et qu’il ne veut pas m’en priver! J’ai d’abord cru qu’il plaisantait, mais non. J’ai du insister pour qu’il en accepte une (puis deux). 10 jours plus tard, en me retrouvant au marché de Neiafu, il me parlait encore des bières que je lui avait offert…
Revenons à notre étude… La Popa’o, (Ale) bière des Tonga, vaut le détour. j’ai également bien apprécié la Maka (lager), qui bien que tongienne est une bière brassée en Nouvelle Zélande et distribuée uniquement aux Tonga.
Fiji:
la principale marque de bière s’appelle … Fiji. Je ne sais pas trop pourquoi ils ont choisi le nom d’un archipel perdu au fin fond du pacifique, enfin peu importe, je n’ai pas de leçon de marketing à donner… Fiji (la bière) se déclinent en de multiples variantes: Fiji Bitter (pale ale), Fiji premium (lager), Fiji gold (pale ale) … Ma préférence va à la Bitter qui est aussi la plus commune. On trouve également une sympathique lager dénommé « Vonu » (tortue).
Vanuatu:
A Port Resolution, Rafaël et Emma, ont tenu à participer à mon étude en ‘offrant 2 échantillons de « Manta », la bière de Nouvelle Calédonie, ce qui, après avoir goûté la Tusker (pale lager), la bière des Vanuatu, me conforte dans le sentiment précédemment développé à Tahiti que l’influence française dans le monde est désastreuse en matière de bière…
Je conclus ici, Alice arrive… Hips!