19 février 2018, Caracolito arrive à Hong-Kong.
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19 février 2018, Caracolito arrive à Hong-Kong.
Maupiti, Mopelia, Tonga, Fiji, Vanuatu, Salomon… Des instants volés aux autorités. Partis mais toujours là, escales illicites, vagabondages et procrastinations. Flâneries entre Pohnpei et Philippines, trois mois, perdus dans le temps et les méandres administratifs.
L’entre-frontières, c’est cet espace qui n’existe pas. Une dichotomie entre tampons et réalité. Un lieu peuplé de vagabonds des mers. On est ici, sans y être, arrivés sans être partis. L’apanage des voyages maritimes. Où commence le territoire ? À la limite des eaux territoriales, sur le ponton ou le seuil d’une administration ? Des instants sans papiers, sans argent, sans visas, à la recherche du bureau d’immigration, de la douane, du quartier d’affaires maritimes et d’un distributeur de billet.
Nous étions prévenus. Hong-Kong, la Chine, c’est la rigueur, on ne plaisante pas avec l’administration. Nous n’imaginions pas à quel point la rigueur pouvait être fantaisiste.
Caracolito aventure ses étraves dans la baie de Hebe Haven, Hong-Kong, nouveaux territoires.
Pas une vaguelette, pas une ride, pas un bruit. La lumière tamisée de la ville proche et de la lune éclaire la scène. Un millier de bateaux somnolent, l’étrave collée à la bouée.
Nous glissons au fond de la baie, Nous nous amarrons sur le ponton de l’annexe du Royal Hong Kong Yacht Club (RHKYC).
Premiers pas sur le ponton flottant, un avant-goût de la terre de Chine. Nous allons nous coucher.
Même lieu, quelques heures plus tard.
Nous sommes en Chine. Lucile cabriole sur le ponton pour fêter l’événement.
7 milliards de petits chinois et pas une âme pour nous accueillir. Nous partons à l’aventure, en quête d’un bureau, accueil, office, administration, n’importe quoi où nous pourrions officialiser notre présence.
Première tentative de contact avortée : les employés du RHKYC nous ignorent. Un drôle de bateau jaune vient de s’amarrer sur le ponton d’accueil ? Et alors ? À croire que, quotidiennement, des catamarans jaunes déversent des flots de familles françaises…
De plus, ils ne parlent ni anglais, ni français, ni espagnol… Je n’ai pas essayé le grec ancien, mais je crois qu’ils ne le parlent pas non plus. De toute façon, je ne le parle pas non plus.
À la guérite du parking, une gentille vigile essaie de nous aider. Elle appelle le bureau central du Yacht Club : Impossible de faire des formalités administratives depuis Hebe Haven, il faut aller à la marina du centre-ville.
Nous appareillons pour une courte navigation qui nous amène entre îles et tours. Une navigation dans la brume, insolite et magique. Dépaysement total. Confirmation : nous sommes à Hong-Kong !
Nous nous amarrons sur le ponton du RHKYC, entre les gratte-ciel, une autoroute, une autre en construction et quelques bateaux de régate.
En route pour les formalités ! Nous partons vaillamment vers l’« Immigration Tower ». Un immeuble administratif d’une quarantaine d’étages. Le soleil brille, il fait bon, presque chaud.
Au troisième étage, un employé derrière son guichet ne comprend rien à ce que nous voulons… Nous lui montrons le mémorandum des autorités Hongkongaises à l’attention des navigateurs… Il finit par nous dire que nous ne sommes pas du tout au bon endroit. Nous devons aller à une autre adresse.
Bientôt midi. Comment on dit « plan de la ville » en chinois ? Et est-ce que cela existe encore, un plan en papier ? Tout le monde marche les yeux rivés à son smartphone pour se guider.
Nous finissons par trouver l’immigration pour les navigateurs, au bout du quai 1, quartier Central.
Nous sommes accueillis par un employé blasé. Nous remplissons les papiers. Un exemplaire par personne… Détail amusant, Il faut utiliser du papier carbone pour dupliquer les formulaires. Pourtant son bureau regorge d’ordinateurs, de photocopieuses et de scanner…
Du papier carbone, sommes nous bien à Hong-Kong, cité de la technologie triomphante ?
Constat : l’utilisation du papier carbone requiert une certaine dextérité et une bonne vision analytique dans l’espace, lorsqu’il faut remplir le verso.
Nos visas en poche – c’est une image, car ce sont des visas immatériels : pas de tampons, juste un bout de ticket de caisse et une trace de notre passage dans le grand ordinateur central ; Nous avons rempli des formulaires avec du papier carbone pour faire des visas immatériels !
Visas en poche donc, nous nous dirigeons vers le « marine office ». Les bureaux sont tout près, une bonne chose. Les plus jeunes membres d’équipage râlent car midi est largement passé. En bons parents insensibles, nous passons outre : nous voulons en terminer avant l’heure de la fermeture.
Encore un grand immeuble, nous trouvons le bon étage, le bon guichet et hop, dans vingt minutes, les formalités seront finies…
J’ai parlé trop tôt !
— Horreur ! Les documents du bateau ne sont pas en anglais ! (s’exclame, en anglais, l’employé)
J’explique que depuis Napoléon et Trafalgar, les quartiers d’affaires maritimes ont des difficultés avec la langue de Shakespeare…
Cela ne l’émeut pas : nous devons obtenir une traduction officielle.
Nous sommes atterrés. Nous nous imaginons errer entre les gratte-ciels en traînant des filles affamés à la recherche d’un traducteur assermenté… Surtout que nous devons déplacer le bateau de toute urgence : Le RHKYC facture plus de 100€ la nuit de présence au ponton. Il faut en terminer avant l’heure de fermeture des bureaux !
Après divers palabres, nous comprenons que nous pouvons faire nous même la traduction, aller dans un bureau des affaires intérieures et jurer que notre traduction est correcte et que si ce n’est pas le cas, nous serions lourdement châtiés…
Heureusement l’employé est serviable et compatissant. Il cherche où se trouve le bureau le plus proche et découvre stupéfait qu’il se trouve au rez-de-chaussée de l’immeuble ! Il nous fournit même des photocopies et nous accompagne.
Il est 16h30, J’ai traduit, j’ai juré, le bureau va fermer. Tout est en ordre. Cela paraît presque trop facile.
— Où est amarré le bateau ?
— Au RHKYC, à Causeway bay, mais nous allons le déplacer à Hebe Haven.
— Vous n’en avez pas le droit ! Les bateaux étrangers ne peuvent pas se déplacer dans les eaux territoriales une fois qu’ils ont fait leur entrée !
Effectivement cela paraissait trop facile… Nous expliquons que nous devons bouger notre bateau, car le RHKYC ne peut pas nous accueillir en centre-ville…
— Impossible, il faut une autorisation, un permis local ainsi qu’une assurance pour naviguer dans les eux Hongkongaises !
Impossible n’est pas français ! Nous réclamons la liste des documents à fournir et les formulaires pour obtenir autorisation et permis local…
Il est 17h, nous allons déjeuner, nous avons frôlé la mutinerie…
première visite au responsable de la marina du RHKYC. Nous avons besoin d’un courrier prouvant qu’ils peuvent nous accueillir à Hebe Haven.
— Pas de problème, dit le chef !
— Pas de problème, Chef ! répond son employée, prénommée Jade, qui me rédige une attestation de présence au RHKYC en expliquant que c’est ce que veut le « Marine Office ».
11h30 : mutinerie de l’équipage. Hors de question d’entrer dans une administration le ventre vide ! Resto d’abord ! — Un Mac Donald ! précise Alice.
12h42 : Les Mac Donald chinois ressemblent beaucoup aux Mac Donald français. Un Bigmac reste un Bigmac, même en idéogramme.
13h30 : Bâtiment du « Marine Office ». Nous étalons fièrement tous nos documents y compris les traductions certifiées devant l’employée. C’est une employée cette fois-ci. La veille, elle n’a pas apprécié l’empathie démontrée par son collègue. C’est elle qui nous accueille. Elle est du genre tatillonne : je n’ai pas mis les deuxièmes prénoms dans les formulaires ; je n’ai pas mis la deuxième décimale pour la jauge brute du bateau ; mon permis côtier n’est pas délivré par un Royal Yacht Club… (J’explique qu’il est délivré par le ministère de la marine française, mais cela manque de prestige. Nous n’aurions jamais dû décapiter Louis XVI !)…
Quand je présente la police d’assurance, elle la refuse : Il n’y est pas inscrit explicitement que le bateau est assuré dans les eaux de Hong-Kong. pourtant l’attestation précise toutes les eaux comprises entre le 30ᵉ parallèle nord et le 30ᵉ parallèle sud !
Elle me demande de justifier que la latitude de Hong-Kong se situe entre ces deux limites !
Enfin, l’attestation du RHKYC ne convient pas. Elle téléphone pour avoir confirmation que le Yacht Club peut nous accueillir… Cette andouille d’employée (Jade) répond qu’elle ne peut rien confirmer, car nous n’avons pas payé par avance les frais de pontons !
Résumons : Le RHKYC nous demande de partir, mais nous met des bâtons dans les étraves !Respirons un grand coup pour rester calme…
Je demande à l’employée : — En fait, vous ne voulez pas nous donner de permis ?
— Yes ! répond-elle avec un grand sourire ! elle m’explique que de toute façon, il faudrait que je passe un examen et la prochaine session est dans plusieurs mois.
Nous demandons à voir son chef. Il arrive. Il a un grand sourire et rigole en permanence. Visiblement les seuls mots d’anglais qu’il connaît, c’est : « not possible ».
Si « impossible » n’est pas français, il est chinois…
16h30. Je perçois des regards inquiets vers l’horloge. Nos interlocuteurs ont compris qu’ils auront du mal à se débarrasser de nous et l’heure de la fermeture approche…
Sarcastique, je finis par résumer la situation : — Si je veux bouger mon bateau, je dois faire une sortie de territoire, quitter Hong-Kong, partir en mer et revenir à Hebe Haven puis refaire des formalités d’entrée…
Ils ne comprennent pas le sarcasme. Leurs regards s’illuminent ! — Yes, Yes, c’est comme ça qu’il faut faire ! Ils précisent même que je dois indiquer « Open Sea » (Haute mer) comme destination, sur la clearance de sortie !
Je demande c’est quoi « Open Sea » ? 200 milles nautiques, 20 milles ?
— It’s up to you !
Parfait, si c’est moi qui décide, le trajet de la marina du centre-ville à Hebe Haven suffira. 15 minutes plus tard, la clearance de sortie de territoire est établie. Obligeamment, ils nous indiquent qu’il y a une succursale du « Marine Office » à Sai Kung près de Hebe Haven… Si à notre retour à Hong-kong, nous pouvions avoir l’obligeance d’y faire les formalités…
Il est 17h, nous quittons les bureaux. Les rideaux se ferment sur nos talons.
Nous traînons les filles jusqu’à l’immigration.
Au menu : Sandwichs de formulaires multi-couches au papier carbone.
L’immigration, le royaume des employés blasés qui ne s’offusquent pas que nous repartions deux jours après notre arrivée. Ils demandent juste une précision sur notre destination : — C’est dans quel pays « Open Sea » ?
18h00. Nous entrons dans un restaurant. Alice veut une soupe chinoise, on lui sert un bol plus grand que sa tête.
Nous quittons Hong-Kong, direction : Open Sea…
Avant d’appareiller, je vais rendre visite à Jade, l’employée qui gère les pontons… Elle se sent un peu morveuse, elle a l’air pressée de se débarrasser de nous. Elle m’informe que nous n’avons pas à payer pour les 4 nuits que nous avons passés au ponton.
C’est l’heure de la grande parade dans la baie de Hong-Kong, nous passons entre les deux grandes tours qui se jaugent de part et d’autre du chenal comme les deux tours du Seigneur des Anneaux.
12h30 : le pilote automatique tombe en panne… Si nous cherchions une bonne raison pour revenir à Hong-Kong, nous avons une dorénavant !
Retour au bureau de l’immigration. Un autre employé blasé joue avec ses papiers carbones et nous délivre de nouveaux visas immatériels.
Je commence à avoir une bonne technique avec les papiers carbones…
C’est le Week-end. Le « Marine Office » est fermé, cela attendra lundi.
Règle de base pour faciliter les formalités : avoir un enfant avec soi. J’embarque Alice avec moi, direction Sai kung et sa succursale du « marine office ».
Je tends mes papiers, l’employé s’éclipse. Au bout d’une demi-heure, il revient : — Vous êtes partis de Hong-Kong il y a 3 jours ? J’acquiesce… Je me prépare à servir mon histoire sur le pilote automatique en panne qui a forcé notre retour… Il ne réclame pas d’autres explications. Il téléphone au « Marine Office ». Visiblement leurs explications sont convaincantes. Une heure plus tard, il revient ; nos documents sont prêts.
Nous venons de passer une semaine dans l’entre-frontière, Un voyage fantôme dans une ligne de partage. Il est 11H22 et nous sommes enfin arrivés à Hong-Kong.
Pétarades, caracolades,
Cool attitude et bandanas,
Embruns, brises et bises,
Barbes hirsutes, cylindres sauvages, trépidations,
Étraves fumantes, chromes rutilants,
Gros cube, pots d’échappement,
Blousons de cuir et cirés jaunes, cheveux aux vents,
Petites pépées et lunettes noires,
Bouteille de jaune et carrés noirs,
Vagues à l’âme et lames de fond,
C’est tout cela « Easy Sailors »!
Au premier abord cela n’a l’air de rien. Un coin de mer coincé entre deux îles : un chenal quadrillé de fermes aquacoles ; deux débarcadères de ferry, l’un ici, l’autre là ; la plainte lancinante d’un karaoké.
Sur le promontoire rocheux, entre deux sculptures étincelantes, un sioux fait signe à l’horizon.
Et des bancas, des bancas par dizaines.
La banca, c’est la fierté nautique des Philippines. Une étrange libellule, croisement contre nature entre une pirogue et une araignée d’eau. Une coque effilée, trois bras soutenus par des ficelles, deux bambous en guise de flotteurs.
Elles ont aussi un moteur, un moteur de tondeuse à gazon : refroidissement à air, leur chant rappelle celui d’Evinrude, la libellule de Bernard et Bianca.
À Bolinao, les bancas ont la proue et la poupe relevée comme les canoës des Indiens d’Amérique. Elles ont les bras de liaisons inversés également.
Bolinao, le pays où les bateaux sont jaunes.
— Pourquoi les bateaux sont jaunes ? ai-je demandé à Toto.
Au début, il plaisante : C’est la seule couleur disponible au magasin ! Puis m’explique que c’est la couleur locale. À San Fernando, elle sont vertes.
Mouillé entre les îles, entre pêcheurs et débarcadères entre terres et ciel, Caracolito ne dépareille pas. Il n’appareille pas, non plus, il se prélasse.
Le matin, la baie se transforme en place de la concorde fréquentée par une meute de jardiniers et de mobylettes, les bancas passent en vrombissant de part et d’autre. Bancas, Ferry, bancas, tondeuses, mobylettes… Des pêcheurs à la traîne tournent autour de nous. Il y a aussi ces étranges barges allongées et sous-motorisées, surchargées de sacs, de terre ou de passagers ; barges blasées traçant leur sillage de limaces.
À quoi définit-on le paradis ? À une couleur, le jaune ? À un sourire ?
Toto, c’est un sourire. Un sourire édenté.
Un jour, Toto vient à bord pour nettoyer les coques. Il sort son attirail de plongée : combinaison rapiécée, palmes faites-maison, masque du commandant Cousteau, gants en laine… Je lui donne un tuba. Il refuse, il ne peut pas l’utiliser.
Toto ne veut pas lire. Pourtant il sait, mais il ne voit plus très clair.
— Tu n’as pas de lunettes ?
— Cela coûte trop cher et puis je suis habitué.
Un jour, Toto nous invite chez lui. Il vit au-dessus du débarcadère où nous laissons l’annexe. Dans la colline, où s’entassent une vingtaine de bicoques. Rigoles d’eaux usées qui forment les ruelles étroites, murs moisis, Il est difficile de savoir si sa maison est une ruine qui a été rafistolée, où si elle n’a jamais été terminée.
À l’intérieur c’est un havre de paix. Tout le confort moderne, il y a l’eau courante, une télévision et une machine à laver. Deux pièces, briquées, repeintes, propres. Rien ne traîne. Il n’a pas non plus beaucoup de possessions à laisser traîner.
Toto nous présente sa femme. Elle travaille à l’hôtel « Sundowner » qui surplombe le quai. Il insiste pour que nous allions voir le directeur « Mister Bruaux », il est du même pays que vous !
Au mur, au-dessus de la télévision, il y a trois cadres avec les photos de ses enfants.
La télé est allumée, nous discutons.
L’écran, diffuse la castration d’un taureau, avec tous les détails anatomiques. Alice veut savoir ce qu’ils font à la vache… Nous faisons semblant de ne pas entendre.
En partant, nous croisons le plus jeune fils de Toto. Les deux autres sont à Manila. Ils travaillent ou font des études, peut-être les deux à la fois. Il parfois difficile de comprendre Toto, il mélange les temps, le passé, le futur, tout est au présent.
Toto nous présente son plus jeune fils : — She is my son ! (Elle est mon fils).
Cela le fait marrer. Puis nous explique qu’il dit « she » car il est gay.
A nouveau, il rigole. Sur ces cinq enfants, il a deux garçons homosexuels. Il en parle sans honte, gaiement.
Bon, moi qui avais compris qu’il n’avait que trois enfants… je suis perdu. Nous reprenons les comptes. En fait il aurait 3 garçons et deux filles. Mais ils ne seraient pas tous les enfants de sa femme qui elle en aurait trois, pas tous de Toto.
On ne cherche pas plus à comprendre, ils forment leur famille et semblent heureux comme cela.
Toto veut amener sa famille à bord. Son fils en rêve. Faire un selfie sur un « yaté ». Pas de problème, qu’il les amène demain.
Le lendemain, Toto arrive seul. Ils sont trop « shy », ils n’osent pas venir.
Séance photo avec Toto et sa banca.
Toto est taxi-pêcheur.
Sa fortune c’est sa banca, son outil de travail. Maria Jamela. Il la pilote fièrement, debout en tenant la longue perche du gouvernail. Un taxi jaune, nautique, qui emmène des passagers dans les différentes îles qui forment le dédale autour de Bolinao. Un taxi jaune, comme à New-york !
La course est payée 250 pesos, les bons jours, il en fait 4. Cela, plus la pêche, il arrive à gagner jusqu’à 1000 pesos par jour.
Toto nous a pris sous son aile. À chaque fois que nous débarquons, nous le voyons accourir. Passe-t-il ces journées à guetter notre venue, ou ces copains le préviennent-ils ?
Un jour, nous achetons des moules sur la plage.
— Mister Pierre, tu aimes Seafood ? »
On adore. Le lendemain, il nous en offre un seau de huit litres. Un autre jour, c’est une dizaine de crabes. Ce jour-là le déjeuner de Lucile dure deux heures. Consciencieusement, elle récure tous les recoins des carapaces.
Toto a aussi un scooter. Il l’a acheté à crédit. 15 000 pesos, à rembourser sur 4 ans. Il en est très fier. Plusieurs fois il insiste pour m’emmener en ville, Je ne suis pas très fier cramponné sur son porte-bagage.
A Bolinao, les gens nous reconnaissent et nous sourient, des petits signes de têtes amicaux,
« tres marias » chuchotés sur le passage des filles. « So beautiful ! »
Il y a la grosse dame qui supervise le nettoyage des moules et la mise en sac. Le copain simplet de Toto. Il y a aussi le chauffeur de tricycle à lunettes. Peut-être les seules lunettes de la ville. Il a une moustache et des cheveux blancs, une bouille ronde et son tricycle est aussi couvert de chromes qu’une Harley Davidson.
Aux Philippines, les vendeurs de tuning pour « Motocycle » font fortunes. Partout des ateliers, où l’on soude, polit, bricole, installe des diodes multicolores, répare des pneus. Les rues de Bolinao, prennent des allures d’équipée sauvage, les abords du marché : un rassemblement de « Bikers », « Easy rider » au quotidien.
Nous partons pour Hong Kong. Au matin, Toto est là avec sa Banca pour nous dire au revoir et assister aux préparatifs. Il est ému, nous aussi, il nous a apportés des crabes et des moules, « pour la route ».
Nous appareillons, la Banca de Toto en remorque. Il nous aide à hisser la voile, nous passons devant l’embarcadère, sa minute de gloire : tous ses copains voient à bord. Il embarque sur son esquif, et retourner à terre pendant que nous nous éloignons vers la chine.
A Bolinao, nous entraînerons Le Ouistiti. Marielle et Eric n’aiment pas. Trop de bruit, trop de mouvements, trop d’animations. Ils ont raison. Bolinao est bruyant, animé, inconfortable.
Alors Pourquoi avons-nous aimé ? À cause de la couleur des bateaux ou d’un sourire édenté ?
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